Passion, sérieux du travail, sens du détail et de la finition, sont notre credo
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LANCIA ARDENNES 1937 Restauration complète
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Le classique ou le déjà vu, la restauration rapide et facile, ne nous ont bizarrement jamais vraiment attirés...mais parlez dans l'atelier Rétro-Méca d'une auto rare, étonnante voire bizarre, d'une épave impossible à sauver, et vous verrez sans aucun doute notre visage s'illuminer ! Alors imaginez notre mine réjouie quand notre transporteur Pascal, alias St Pat'Trans, franchit le portail avec cette Lancia Ardennes sur sa remorque !
Ce modèle ne vous dit rien ? Ne vous inquiétez pas, sur 620 autos produites en tout et pour tout en 1937 et 1938, il en reste à peine une dizaine en état de rouler en France, rien d'étonnant donc à ce qu'on n'en croise que rarement !
Un peu d'histoire: l'ardennes est "tout simplement" la version Française de l'Aprilia. Construite dans l'usine de Bonneuil, elle utilise bon nombre de pièces provenant des fonderies Collignon, dans les Ardennes...d'où son patronyme.
Souvent qualifiée de "voiture d'ingénieurs", l'Ardennes regorge d'innovations techniques, des systèmes novateurs, que nous décrirons au fil de la restauration. Quelques exemples ? - Un moteur 4 cylindres en V de 1352cc, développant 48ch din, à bielles en duralumin montés directement sur le vilebrequin, sans coussinets ni régule. - Une caisse monocoque autoporteuse, à portes antagonistes sans montant central. - Un freinage hydraulique. - Un train avant à amortisseurs chandelles (brevet Lancia) - Un train arrière...comment dire...bizarre ? Mais qui est incontestablement l'un des atouts de l'auto.
La voiture était au point dès sa sortie, contrairement aux Tractions, ses rivales supposées, qu'elle surclassait sur le plan des performances (nervosité, vitesse de pointe, agrément de conduite) malgré un moteur de plus faible cylindrée. En fait, elle avait les performances de la 15 citroën à six cylindres sortie en 1939 ! D'ailleurs bon nombre de pilotes amateurs ne s'y sont pas trompés et ont gagné des courses dans sa catégorie avant et après la guerre Il est intéressant de savoir aussi que lors des essais préliminaires de l'Aprilia, Vincenzo Lancia avait jugé sa vitesse de pointe (130 km/h) trop élevée et avait demandé à ses ingénieurs de la brider en dessous de ce seuil. D'après ses rares conducteurs d'aujourd'hui, on a paraît-il l'impression à son volant de conduire une auto des années 60/70 !
Peu répandue en France, son principal problème en était son prix et son image: plus chère qu'une Traction ou Peugeot 402, ses acheteurs pouvaient de plus être à l'époque considérés, au pire sympathisants du régime de Mussolini, au mieux traitres à la production automobile nationale !
Etat des Lieux:
Ce beau véhicule nous est confié par son propriétaire, que nous remercions d'orres et déjà pour sa confiance, après un long sommeil d'une quarantaine d'années.
L'auto est complète ou presque, son intérieur d'origine est présent, tous ses accessoires mécaniques aussi.
Dans un bon état de conservation au niveau de la carrosserie, hormis quelques bosses sans gravité, elle est en revanche très sévèrement attaquée par la corrosion au niveau des soubassements, résultat d'un stockage dans un grange humide au sol en terre battue. Tous les planchers sont détruits, les bas de caisse guère mieux, le fond de coffre inexistant. Un énorme travail de tôlerie s'annonce donc...d'autant plus que ce véhicule est connu pour des éléments parfaitement alignés, des ouvrants fermant impeccablement, des jeux très faibles.
Le moteur est vide d'huile, et bloqué. Là aussi, nous savons donc qu'un gros travail est à prévoir. | |||||
Démontage :
Tout travail de restauration sérieux commence par un démontage intégral du véhicule.
Parfois, nous nous posons la question de l'utilité d'un sablage complet de la carrosserie...ici, la question ne se pose évidemment pas. La corrosion est telle que bien sûr, il faut sabler afin de supprimer totalement toute trace de corrosion, puis phosphater immédiatement afin de protéger durablement.
Commenter un démontage est toujours délicat...car que dire de plus qu'il s'agit de juste démonter, proprement, sans brutalité et en prenant un maximum de notes et de photos ? Tout le défi consiste à parvenir à démonter, sans les endommager, des pièces grippées depuis 60 ans ;-). Parfois il faut faire des choix, souvent celui de sacrifier une pièce que l'on saura reproduire facilement, pour en sauvegarder une autre plus complexe.
Nous procédons comme toujours selon un ordre dont nous avons pris l'habitude: - D'abord la mécanique, le réservoir d'essence, le circuit de freinage. Bref, tout ce qui est "sale et gras". Cela nous permet de passer un bon coup de karcher à eau chaude afin de tout nettoyer et dégraisser, et d'effectuer la suite du démontage au propre. Admirons au passage la compacité de l'ensemble moteur/boite de vitesses.
- Ensuite les vitrages, qu'on emballe et qu'on range soigneusement immédiatement. Ici, leur état nécessitera une refabrication. Les joints sont évidemment totalement détruits, mais heureusement des refabrications existent. Le démontage des joncs enjoliveurs en aluminium restera dans notre mémoire...quelle catastrophe, des dizaines de vis à tôle à tête fraisée de 3mm de diamètre, rouillées à souhait ! Rester zen, patient, inventif...
- Puis les ouvrants. Nous découvrons le secret de l'alignement parfait des portes: au lieu d'être placées sur de classiques charnières avec axes, celles ci sont montées, en haut et en bas, sur une rotule. Ces rotules sont réglables en profondeur pour définir le dépassement des portes. Elle le sont aussi en hauteur et en inclinaison, via des excentriques, ce qui permet de régler à la fois la hauteur et l'inclinaison de chaque porte.
- Puis les ailes. Une bonne surprise au démontage à l'arrière: nous découvrons que l'Ardennes est la première auto à "revue technique intégrée" ! Une plaque vissée dans chaque passage de roue indique en effet la méthode de réglage des barres de torsion. Pratique, malin et esthétique.
- Et enfin l'intérieur. Sièges, tapis de sol et ciel de toit, sont ôtés le plus soigneusement possible. Pas facile de manipuler des tissus de 60 ans d'âge, qui ne demandent qu'à se déchirer à la moindre manipulation. Mais il est important de sauvegarder au maximum tous ces éléments afin de conserver des gabarits exploitables en vue d'une reproduction.
Le démontage est terminé ! Nous avons donc d'un côté la caisse nue, une coquille vide que nous fixons sur un chariot à roulettes réalisé sur mesure. Ce chariot, sous un air anodin, facilitera grandement les manipulations du véhicule pendant les opération de sablages et de tôlerie à venir, mais sert également de gabarit de contrôle de la géométrie de la caisse.
Et d'un autre côté, les trains et la mécanique. |
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Afin de faciliter la lisibilité de la suite de cette restauration, nous vous invitons à lire les détails de chaque phase des travaux dans les rubriques suivantes:
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