Pont et train arrière :
Le train arrière, dont la conception ne déroge pas au principe d'innovation technique ayant été le leit motiv des concepteurs, est la raison majeure de l'excellente stabilité sur route de l'Ardennes.
Ainsi, pas de pont rigide comme c'est l'usage, mais un différentiel central fixé à la caisse, et des demi bras oscillants.
La suspension est confiée à la combinaison d'une lame transversale et de barres de torsion.
La transmission est assurée par deux "cardans" à croisillons.
Les freins sont quant à eux montés en sortie de différentiel afin de réduire les masses non suspendues.
Sur le même schéma que pour le train avant, le travail de réfection commence par le démontage complet.
Sa dépose est facile, puisque deux "simples" traverses maintiennent l'ensemble à la caisse, sur des silentblocs.
Les divers éléments sont alors désassemblés: transmissions, freinage, lame de suspension, paliers de bras de suspension, puis barres de torsion.
Ces dernières sont soigneusement repérées avant démontage.
Tous les éléments sont alors démontés et classés, en attendant leur nettoyage...qui est bien nécessaire !
Il est temps de passer au vif du sujet: le pont.
Après avoir ôté le système de freinage, nous pouvons séparer les deux demi carters et découvir l'état du différentiel.
L'état de la pignonnerie est très bon, la couronne n'est absolument pas marquée, le pignon cônique d'attaque ne comporte pas de trace d'usure irrégulière...ce qui est le risque principal sur un différentiel dont la distance cônique est réglable.
En effet, si le réglage est incorrect, ou non repris lors d'un changement de roulements, il en résulte une usure irrémédiable de la pignonnerie.
Et dans ce cas précis, des marques faites au pointeau sur les pièces trahissent justement un changement de roulements, d'où nos craintes initiales.
Avant toute chose, un grand nettoyage est effectué afin de redonner à ces belles pièces, en aluminium pour la plupart, leur aspect d'origine.
Cela nous permet de confirmer que les roulements d'arbre primaire ont été remplacés. Ils sont en excellent état et tournent sans aucun bruit "à sec" après leur nettoyage.
C'est une très bonne nouvelle puisque ces roulement sont très spécifiques, et il nous aurait été difficile de nous en procurer.
En revanche, les roulements de différentiel et d'arbres de sortie, sont d'origine et très usés. Ils sont pour leur part tout à fait standard, donc faciles à remplacer.
Le remontage du pont peut donc commencer.
Le point primordial pour obtenir un résultat parfait en terme de silence de fonctionnement, et de longévité, est le réglage correct du différentiel.
Deux paramètres sont à prendre en compte:
- Le jeu de denture, c'est à dire l'espace entre la couronne de différentiel et le pignon cônique.
Ce jeu est réglable en intercalant plus ou moins de cales sous les roulements.
- La distance cônique, c'est à dire le "recul" du pignon cônique par rapport à la couronne.
Ce jeu est réglable grâce au porte roulement du nez de pont, que l'on vissera plus ou moins à l'intérieur de celui ci.
Aucune donnée n'étant disponible, seule notre expérience et l'analogie avec des mécaniques de dimensions comparables, nous permettront de trouver les bons réglages.
En ce qui concerne le jeu de denture, nous allons devoir procéder par essais successifs, puisque le principe consiste à positionner des cales d'épaisseur sous les roulements.
Afin de gagner du temps, et compte tenu que les roulements neufs ont précisément les mêmes cotes que les anciens, nous décidons de faire le premier essai avec les cales trouvées au démontage.
Cette stratégie sera payante, puisque deux essais seulement seront nécessaires à obtenir la bonne valeur.
Pour ce qui est de la distance cônique c'est moins compliqué, puisque l'arbre primaire, totalement assemblé, est réglable directement.
Un premier réglage approchant est effectué, puis nous affinons en utilisant de la craie: en marquant les dents d'un pignon, il "suffit" de contrôler la trace de friction laissée par le contact de son jumeau.
Le but du jeu est de s'assurer que la friction est parfaitement répartie sur tout la longueur de la dent, et non uniquement au début ou à la sortie.
Une mesure précise au comparateur permet alors de valider que le jeu de denture, une fois la distance cônique réglée, est toujours correct.
Les deux demi carters peuvent alors être réaccouplés.
Nous pouvons terminer par le remplacement des roulements des arbres de sorties, ce qui est fort heureusement bien moins complexe.
Les roulements d'origine sont remplacés par des modèles étanches, afin d'améliorer à la fois leur durée de vie, mais aussi l'étanchéité globale du pont, qui n'est à l'origine assurée que par des retours d'huile usinés, et des tresses textiles placées dans les alésages.
Passons à la repose du système de freinage: toutes les pièces neuves ou restaurées sont en effet prêtes à monter.
Le mécanisme et les biellettes assurant le frein à main sont restaurés, leurs articuliations dégrippées.
Les mâchoires, en aluminium, sont regarnies avec des garnitures tendres de fabrication moderne, et collées. Ces garnitures assurent une puissance de freinage et un confort de fonctionnement supérieur aux garnitures d'époque.
Les cylindres de roues sont quant à eux neufs.
Les tambours en fonte, "chemisés" par un couvercle en aluminium strié destiné à améliorer le refroidissement, sont rectifiés afin d'assurer un freinage progressif et sans broutage.
Les canalisations sont refabriquées et posées.
Le pont est terminé, c'est un réel plaisir de voir cette pièce mécanique restaurée, aussi esthétique que techniquement élaborée.
Les bras et éléments de suspension peuvent à présent être rénovés.
Après un décapage en règle, les diverses pièces sont traitées anticorrosion et repeintes.
Les lames sont désaccouplées, puis elles aussi décapées, traitées et repeintes.
L'étoquiau est en parfait état, mais les silentblocs de fixation sont avachis, il faut les remplacer.
Les demi bras sont préparés: remontage des roulements d'articulation, puis des roulements de roues. Nous remplaçons bien entendu les roulements d'origine par des roulements étanches, qui seront bien plus endurants dans le temps, en l'absence de joints spi sur les moyeux.
Après avoir remplacé sur le pont les silentblocs de fixation des demi bras, nous pouvons entammer le remontage.
Les barres de torsion, dont la position a été soigneusement repérée au démontage, sont préparées puis insérées dans leurs crans.
L'opération est effectuée de chaque côté.
Nous contrôlons alors la position relative des deux bras: en positionnant le pont parfaitement à l'horizontale à l'aide d'un niveau, nous mesurons précisément la distance entre le sol et chaque moyeu.
Elle est strictement identique...preuve que les barres auront la même précontrainte, et donc que l'assiette du véhicule sera correcte.
Accessoirement, cela montre aussi que les barres étaient correctement montées...ce valide notre réglage effectué à l'identique de ce que nous avions trouvé au démontage.
La traverse principale est remontée.
Elle a au préalable été décapée, traitée et peinte.
Arrive alors le "plat de résistance": la pose de la lame de suspension transversale.
Très courbe à vide, le jeu consiste à la bander suffisamment pour qu'elle puisse être fixée dans ses supports.
Finalement, à l'aide d'un jeu de sangles robustes, l'opération est relativement simple pour peu que l'on s'y prenne avec méthode et réflexion.
Le train arrière est donc terminé, il n'y a plus qu'à le mettre en place sous le véhicule, sur des silentblocs neufs.
L'opération est relativement aisée, et facilitée par le fait que toutes les pièces sont propres et graissées, et les filetages passés à la filière.
Il est donc temps de remonter le système de freinage du train avant, afin de reposer ensuite le véhicule sur ses roues.
Comme à l'arrière, les mâchoires sont regarnies avec une garniture tendre collée, et les cylindres remplacés.
Les tambours, préalablement rectifiés, sont alors remis en place.
Attention car ceux ci ont un sens, "D" à droite et "G" à gauche...tout simplement parce que les filetages côté conducteur ont un pas à gauche, dans le but d'éviter les déserrages intempestifs.
Les jantes, munies de pneus neufs, sont montées, et l'auto retrouve le sol pous la première fois !
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